L’eau : « l’or clair » qu’il nous faut protéger

Par  Razia Tijani
Journaliste indépendante, spécialiste en environnement – pour Proffac

En République Démocratique du Congo et dans toute l’Afrique centrale, l’eau est si abondante qu’on pourrait presque croire qu’elle est infinie. Pourtant, elle est aussi fragile que précieuse. Dans les quartiers de Kinshasa comme dans les villages éloignés, l’accès à une eau potable et sûre reste aujourd’hui un défi majeur pour des millions d’habitants.

Nous l’appelons « l’or clair » car son importance dépasse largement celle de tous les autres minerais précieux. L’eau n’est pas seulement une ressource naturelle indispensable, elle est aussi au cœur d’enjeux sociaux, économiques et environnementaux majeurs. Sa gestion, ou plutôt sa mauvaise gestion, influence profondément la qualité de vie des populations et la santé des écosystèmes.

Une abondance trompeuse

Les fleuves et rivières, comme le majestueux fleuve Congo, traversent toute l’Afrique centrale, irriguent les terres, nourrissent la biodiversité et font vivre les populations locales. Mais paradoxalement, cette richesse d’eau ne garantit pas son accès à tous. À Kinshasa, Lubumbashi ou Goma, nombreux sont ceux qui doivent marcher plusieurs kilomètres chaque jour pour remplir leurs bidons, parfois avec une eau impropre à la consommation.

Les infrastructures de distribution d’eau potable, quand elles existent, sont souvent déficientes ou inexistantes dans les quartiers populaires ou les zones rurales. Ainsi, l’eau, pourtant présente partout, devient inaccessible ou insalubre pour les plus vulnérables.

Quand l’eau devient danger

L’eau contaminée ou polluée est un fléau silencieux qui fait chaque année des milliers de victimes. À Kinshasa, près d’une personne sur deux n’a pas accès à une eau potable de manière régulière. Les conséquences sanitaires sont dramatiques : choléra, typhoïde, dysenterie, diarrhées chroniques, maladies de peau. Les femmes et les enfants, particulièrement exposés car plus impliqués dans la collecte de l’eau, subissent des conséquences sanitaires lourdes.

Mais l’impact n’est pas seulement sanitaire : il est aussi économique. Les maladies liées à l’eau sale entraînent des coûts élevés pour les familles, réduisent la productivité économique des travailleurs, et provoquent des absences prolongées à l’école ou au travail. Dans les zones agricoles, l’irrigation par des eaux usées ou polluées affecte durablement la qualité des sols, des récoltes, et menace la sécurité alimentaire.

L’eau et la biodiversité : un lien vital

L’eau propre est indispensable à la survie des écosystèmes. Les zones humides, les marécages, les cours d’eau, hébergent une biodiversité exceptionnelle mais fragile. Chaque rejet industriel toxique, chaque sachet plastique jeté dans une rivière, chaque égout domestique déversé sans traitement menace cette biodiversité unique.

Les poissons, amphibiens, oiseaux aquatiques et plantes endémiques sont les premiers affectés. Leur disparition progressive perturbe l’équilibre écologique global de la région, aggrave la vulnérabilité au changement climatique, et accélère la dégradation des milieux naturels qui assurent pourtant la survie humaine.

L’eau n’est pas un luxe, c’est un droit

Aujourd’hui, dans certains quartiers urbains, l’eau potable est vendue à prix fort par des opérateurs privés. Les habitants les plus pauvres, n’ayant pas d’autre choix, paient leur eau plus cher que les foyers aisés équipés d’un raccordement public. Cette marchandisation croissante de l’eau accentue les inégalités sociales et économiques déjà très fortes.

Face à cette injustice, Proffac milite pour une gestion équitable et durable de l’eau. L’eau potable devrait être reconnue et protégée comme un droit fondamental, accessible à tous sans discrimination économique ou géographique.

Proffac : agir concrètement pour protéger l’eau

Proffac mène des actions de sensibilisation auprès des écoles, des communautés locales et des autorités publiques, avec l’objectif clair de responsabiliser chacun face à la protection de l’eau. Par des campagnes de nettoyage des cours d’eau, des ateliers éducatifs, des projets de plaidoyer politique auprès des décideurs, l’association se mobilise concrètement.

La vision est simple mais ambitieuse : instaurer une gouvernance responsable et durable des ressources en eau, réduire les pollutions à la source, et protéger les écosystèmes aquatiques essentiels à la biodiversité locale.

L’eau : l’or clair à défendre aujourd’hui

Nous ne pouvons plus nous permettre d’ignorer la crise de l’eau qui s’installe en silence. Il est impératif de changer notre regard sur cette ressource : l’eau n’est pas infinie, elle n’est pas gratuite. Elle est précieuse, rare, et nécessite une vigilance constante.

À travers ses actions, Proffac rappelle que protéger l’eau, c’est protéger la vie. Et c’est aujourd’hui, plus que jamais, une urgence absolue.

Razia Tijani
Journaliste indépendante
Kinshasa, Juin 2025
Article rédigé pour Proffac.org

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